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Co (collectifs, collaborations, comedienne)

ACMÉ

Appuyés Contre un Mur qui s'Écroule

ACMÉ est un club obstiné d’auteur.ice.s contemporain.e.s cool, normalement névrosé.e.s, aux prises avec un sain sentiment d’imposture, et néanmoins largement édité.e.s, primé.e.s et joué.e.s en CDN (malgré les apparences).

Le mot ACMÉ qualifie à la fois le moment d’apogée d’une civilisation et celui où la douleur est la plus intense (dans une tragédie grecque). Pour nous, ACMÉ signifie Appuyés Contre un Mur qui s’Écroule. Par là nous souhaitons dire notre appartenance à une génération, à une époque en proie à de profondes mutations et à d’importants questionnements.

L’héritage du passé, les choix à faire pour demain, les pièges à éviter, les plaies à panser : les interrogations collectives et personnelles sont notre terreau d’écriture commun. Nous nous sentons parties prenantes de ces questions qui agitent la société mais nous ne cherchons pas de réponses toutes faites, bien au contraire. Nous choisissons de mettre les certitudes en doute et, par là, en fiction. Mettre en mots et en théâtre avec lucidité, avec humour, passion, patience, humilité, ce qui nous agite et nous échappe.

Chacun.e de nous travaille depuis plusieurs années à la construction de son propre univers littéraire et théâtral, chacun de son côté écrit, répète, joue.

ACMÉ est un espace où échanger, sans logique marchande ni productiviste ; une auberge espagnole où confronter nos expériences et nos imaginaires,  agir et créer ensemble. Il s’agit ainsi de rompre avec les attitudes de concurrence et d’isolement si fréquentes dans nos métiers (et notre époque !), d’expérimenter de nouvelles formes artistiques, et d’inventer de nouveaux dispositifs d’écriture.

MEMBRES :

Aurianne Abécassis
Marc-Antoine Cyr
Solenn Denis
Jérémie Fabre
Clémence Weill

ACMÉ est né officiellement en 2014, en accueil à St Antoine l’Abbaye, festival text’en l’air (38)

BIBLIOGRAPHIE

• Nörden, pièce écrite à la Maison des auteur.es de Limoges
> Lire la pièce
• Performance d’écriture sur mur et effondrement, festival des Hauts-Parleurs, à Paris.
• écriture et lecture itinérantes dans une maison avant sa démolition, Caen.
Ces derniers temps : pièce écrite à la Maison de la Poésie de Val-de-Reuil. Mise en espace par ACMÉ avec les élèves du conservatoire de Rouen.
Trop beau pour être vrai, pièce écrite en une semaine chrono à l’Etoile du Nord, Paris, mise en lecture au festival Aux Alentours.
Les Fricatives (titre provisoire), mise en espace, au théâtre du Chaoué, Allones (72), de la première partie. 

 » Nous sommes des imposteurs et nous le revendiquons. »

Phrase d’ouverture du manifeste ACMÉ
Lire le manifeste

Le manifeste ACMÉ

Nous sommes des imposteurs. Et nous le revendiquons.

Parler pour soi c’est saisir la voix d’un autre et l’écouter dire notre histoire.

Nous sommes à notre place. Nous la cherchons. Nous la trouvons ou pas. Nous la gagnons parce que nous la cherchons. Rien ne nous prédestinait à ça. Et nous avons des choses à dire. Nous sommes pétris de paradoxes. Rien ne nous prédestinait à ça. Prendre cette place. Pourquoi ne pas la prendre ?

L’anomalie peut être norme, même si la norme est assommante, voire dangereuse. Aussi, faisons de l’anomalie, des bégaiements, de l’essai et de l’échec, un possible de liberté joyeux et bénéfique à partager. Plus largement, le droit à la médiocrité et au raté comme fer de lance d’un probable surgissement, éboulement, et renouveau. *

Parce que -certains matins- il nous semble qu’on est allés trop loin dans la solitude
que le monde se prend la porte de l’individualité trop fort dans la tronche
qu’on voudrait parler avec son café
qu’on a peur de son ombre

alors on cherchera à donner une réalité tangible aux mots en ‘CO’ : cohabiter / collaboratif / coordonner / communauté / coach surfing / cordon bleu… – et même cooptation – chiche.

En écrivant je fais l’aveu de mon incompétence. J’avoue que j’ai besoin de vous.

Comme écolier, enfant, j’ai rêvé longtemps d’accéder au Royaume des Cools. En fondant ce club avec eux, j’ai comme le frémissement d’une victoire.

 

Les enfants uniques / une génération.

Ils pleurent devant la cour de l’école
Ils comptent le nombre de lampadaires
Et cherchent dans le fond du cartable
La liste de leurs aspirations.
Ils publient leurs angoisses et leurs rêves
Déchirent le brouillon de leurs vies
Recommencent
S’appuient contre un mur qui s’écroule
Affichent leurs scrupules au plafond
Assument leurs doutes
Epuisent leurs peurs
Enfouissent leurs hésitations
Pleurent à nouveau
Vident une bouteille
Eclatent d’un rire innocent
Et s’enfuient. Et reviennent. Et repartent. Et reviennent.

Au plus près. De soi, du monde, des autres.* Tellement près que rien ne peut mentir. Tellement près que tout devient clair et / ou subtil. Rien à voir avec aller contre. Mais alors rien. Ce n’est pas contre la vie, c’est avec. Ce qui est. Comment transcender. Comment tout va surgir alors. Parce qu’on est tout contre (comme des myopes, nos yeux loupes sur le monde, et le dedans aussi. Scruter, scanner, disséquer). Mais s’il faut aller contre tout, on ira.

Eviter l’entre – soi, c’est-à-dire déplacer son regard. Epouser le courage, car il en faut, d’aller ailleurs. Faire un drapeau de la vigilance, toujours, qui écoute et qui accueille. C’est un effort. Une quête impossible. Une étoile. Concrètement ouvrir, imposer les structures, les outils, les possibilités de l’ouverture. Se remettre en question.

Les questions doivent être posées, toutes sont les bienvenues. Les réponses ne sont pas obligatoires ni nécessaires. Le moteur est l’interrogation, la réponse assoit et immobilise. Restons-en au mouvement, à la dynamique de nos questionnements et aux échanges qui en découlent.

Il est question ici de permettre à l’autre, aux autres, de se révéler dans un climat d’écoute dénué de compétitivité, de rendement, de productivité. La bienveillance, à différencier tout à fait de la complaisance, propose un espace matriciel où l’écriture est questionnée grâce à autrui afin de révéler son auteur et de l’aider à ouvrir son champ des possibles. *

On prendra les propositions, les mots, les idées des autres sans trop réfléchir. Et si elles nous sont désarçonnantes, tant mieux : après une chute de confiance, de foi, d’amour, on ne craindra pas de remonter au plus vite sur le cheval.

Je ne suis pas une seule chose. Je ne suis pas une chose seule. Du jour à la nuit et de la nuit jusqu’au jour je suis tout et son contraire. Je suis rien. Je suis plusieurs. Et j’écris pour que la vie ne me tombe pas des mains.

Ce n’est pas parce qu’on a reçu un héritage qu’on doit se comporter en héritier / ce n’est pas parce qu’on renie notre héritage qu’on est pas un héritier / sur la table on partagera allègrement notre passé.

Penser repenser le monde aujourd’hui. A HAUTE VOIX. Ecrire le commencement, que d’autres s’en emparent (la main se dissout), le malaxent, le donnent à voir, à entendre. Quelque part. Ailleurs.

Sommes-nous légitimes ? qui est légitime ?

 

On ne prendra pas en compte tous les paramètres ; on en prendra quelques uns et ce sera déjà pas mal.

19-20-21 juin 2014 à Textes en l’air (Saint Antoine l’Abbaye)

 

[1] Le maçon pourra tout aussi bien être metteur en scène, autrice, philosophe, plasticien… Ou maçon. Ou maçonne.