Co (collectifs, collaborations, comedienne)

« Le pouvoir fait l’impossible pour que peu à peu les gens perdent l’habitude d’user de leur imagination, évitent l’effort de voir les faits autrement que selon le point de vue des mass media, renoncent au plaisir de critiquer, abandonnent toute distance raisonnée par rapport au quotidien et surtout ne se mêlent pas de le représenter. […]

C’est notre devoir, ou si vous préférez notre tâche professionnelle d’auteurs, metteurs en scène, gens de théâtre, de parler de la réalité en brisant les schémas attendus, par l’imagination, l’ironie, le cynisme et la raison. »

Dario Fo, in. Le Gai savoir de l’acteur

Toutes et tous et tantôt comédien.nes, metteur.ses en scène et auteur.ices, partant de paroles d’experts, de paroles d’inconnus, de décorticage de l’actualité immédiate et d’infinies discussions le soir autour de la cheminée, dans les pas des Copiaux de Jacques Copeau qui prirent les routes de France dans les années 20, dans ceux des Fédérés (Jean-Louis Hourdin, Jean-Paul Wenzel, Olivier Perrier) qui se réunirent en 76 à Hérisson pour faire du théâtre autrement, les Clous cherchent un théâtre qui résonne sans se prendre au sérieux, qui divague, qui gueule parfois, qui chante sous les arbres, bref, comme dit M. Hourdin, une façon, ensemble, de danser sur le scandale du monde.

On a passé quelques années à se trouver aux quatre coins de la France, à écrire et réécrire et tester et rencontrer en public et réfléchir à chaque détail et mettre à plat chaque choix. A réfléchir à nos métiers et aux façons de les exercer pour être raccord entre les idéaux et les actes (pas une mince affaire). Ça a été un incroyable laboratoire de formes et d’idées, parfois houleuses, parfois brillantes, parfois bonnes pour être brûlées une fois l’actu dépassée, mais toujours follement intéressantes.

Aujourd’hui, les Clous n’existent plus sous une seule identité collective, mais ça et là, ils sont bien plantés et ne cessent d’inventer à travers la France.