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Nos reconstructions

Réseau Écrire le Commencement

Histoire d'une résurrection

En décembre 2023, l’auteur-metteur en scène Jérémie Fabre débarqua au Havre avec, dans sa besace, de précieuses bribes d’archives –photos, lettres, textes- fruit d’un long travail de recherches mené avec des universitaires de Paris IV. Il les soumit au groupe de Nos Reconstructions le temps d’un workshop… qui nous mena bien plus loin qu’on ne l’avait imaginé.

Valériane Doron, Anton Gascon, Meg Matronyme… vous avez sans doute croisé leurs noms au détour d’une librairie, d’une émission culturelle.
Comme des millions d’enfants, vous avez dévoré les aventures de Justine et Capucin.
Vous avez eu des sueurs froides en plongeant dans Le Divorce des Dérailleurs du Doubs.
Vous êtes reparti.e.s avec le catalogue de la rétrospective d’Andréa Louche au Centre Pompidou.
Mais peut-être ignorez-vous ce qui lie ces artistes, ces œuvres entre elles ? Un acronyme qui a fait couler beaucoup d’encre : le R.E.C.
Autrement dit le Réseau Écrire le Commencement.

Ce groupe artistique à géométrie variable, sans leader ni figure officielle, a traversé une bonne partie du XXème siècle et signé des dizaines d’œuvres –principalement littéraires, mais pas que- en restant pourtant marginal, méconnu voire polémique. Toujours à la limite de l’ombre et de la lumière ou plutôt passant de l’un à l’autre de façon flamboyante. Adulés à l’époque du Goncourt (1972) puis sortis des radars, ils reviennent malgré eux sur le devant de la scène à l’automne 89 quand leur recueil Au pied du mur entre en collision avec la grande Histoire.

Difficile avec le R.E.C de poser des affirmations. Il faut dire que l’usage de pseudonymes ainsi que le goût de la performance -voire du scandale- étaient leur marque de fabrique. Au point que les coups de théâtre sur les questions de droits d’auteur de leurs oeuvres sont devenus un running-gag donnant des suées aux éditeurs.

Si la plasticienne Andréa Louche, le nouvelliste multi-primé André Allouche ou la poétesse J.B plaçaient le questionnement sur les identités au cœur de leurs créations, chez la femme de théâtre Megva Martin (Meg Matronyme), c’est le refus d’être étiquetée qui guidait sa démarche, quand son demi-frère Anton Gascon revendiquait, lui, un goût de la supercherie et du pastiche. Quant aux kilomètres de négatifs photos de Théo Salviac, vingt ans après sa disparition, sa famille n’a toujours pas fini d’en vérifier leurs origines : il était contre le copyright. Et pourquoi diable Elina Esturgo refusa-t-elle de signer le moindre de ses poèmes ?!

Bref, enquêter sur le R.E.C, c’est entrer dans un dédale d’histoires plus vraies que nature et d’anecdotes abracadabrantes. C’est aussi découvrir des vies d’une densité, d’une modernité, d’une audace personnelle et artistique rares. (On comprend alors pourquoi tant de créateur.ices aujourd’hui s’en revendiquent descendant.es).

ÉVENEMENTS :

Le fruit des recherches du comité Nos Reconstructions a donné lieu à l’édition du numéro 3 de la revue TOTEM formes libres – et ainsi à sa résurrection. (Les numéros 1 et 2, écrits par les membres fondateurs, avaient paru dans les années 80).

La soirée de lancement s’est déroulée en février 2024 au Hangar Zéro et s’accompagna, comme le suggérait le Manifeste du R.E.C (1981), d’une «forme de performance visant à ne pas clarifier ce qu’est une performance ».

Revue TOTEM formes libres #3 : maquette, comité de rédaction, soirée de lancement…